
L’architecture en Tarn et Garonne
Montauban n’est évidemment pas célèbre pour ses trésors d’architecture 1900. On serait même tentés de n’y supposer aucune trace. Trop médiévale et trop classique, elle reste justement célèbre pour sa place Nationale ou pour le majestueux et sévère palais du musée Ingres.
Pourtant, pour aller de la gare au centre historique de la ville, il faut bien emprunter l’avenue de Mayenne où, au n°1 et 3, un singulier édifice ne manque pas d’interpeller le curieux attentif. Une folie d’inspiration orientale ? Certes, mais avec des détails qui relèvent assurément de l’Art Nouveau. Le programme est intéressant, puisqu’il se compose d’une maison d’habitation, à gauche, reliée par une galerie couverte et suspendue à une usine de biscuiterie, sur la façade de laquelle figure encore fièrement le nom de son propriétaire : Emile Poult.
La tradition voudrait que Poult ait dessiné lui-même le projet, à la suite d’un voyage en Orient. Ne la contestons pas, tant elle est séduisante, même si cette explication peut paraître un peu simple : la construction semble bien trop savante pour avoir été entièrement conçue par un architecte amateur. Mais soit !
Les ferronneries de la petite terrasse, la tour en bois de la maison ou les verres gravés de l’usine trahissent bien l’époque de sa construction, en plus d’une insolite porte d’entrée, inspirée par le gothique flamboyant. Quelques détails pittoresques – dont fait partie un curieux coq perché, à l’angle de la biscuiterie – trahissent un soupçon d’amateurisme, l’envie un peu gratuite d’ajouter des détails amusants, dénués de tout style et de toute unité. Mais n’était-ce pas là une volonté d’inventer, localement, quelque chose de très singulier ?
La tour n’est peut-être plus dans son état originel. Aujourd’hui réduite à un simple tambour ajouré, elle a dû être couronnée par un élément qui devait la rendre encore plus singulière. Une carte postale d’époque en conserve peut-être l’image ; je ne manquerai pas de l’ajouter à cet article si quelqu’un avait la chance d’en posséder un exemplaire.